Données de santé : le boom des plateformes de e‑santé

Temps de lecture : 5 minutes

Les plateformes de e‑santé transforment l’accès aux données de santé et l’expérience patient. Mais elles bousculent aussi les usages de praticiens et, plus largement, l’ensemble du secteur médical. Analyse d’un secteur en pleine mutation technologique.

En 2020, les exigences de la situation sanitaire ont accéléré la transformation numérique du secteur de la santé. Un véritable tournant s’est opéré en faveur de la digitalisation du parcours de soin, notamment au travers des consultations à distance, de l’hébergement des données de santé en ligne, d’un accès sécurisé à ces données et de nouvelles voies de communication entre patients et professionnels. Au cœur et à la manœuvre de ce basculement, les plateformes e‑santé portent les fondations de la médecine du futur.

Cette tendance s’est d’abord illustrée par l’explosion des demandes de téléconsultation. Si seulement 25 000 avaient été enregistrées, en France, par La Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) en décembre 2019, ce chiffre s’est envolé à 4,5 millions au cœur de la pandémie, en avril 2020 – pour finalement atteindre un total de 19 millions à la fin de l’année dernière, rappelle la Mutualité française.

Au-delà des plateformes de téléconsultation, un besoin de l’ensemble du secteur

Des chiffres impressionnants, mais le succès des plateformes de téléconsultation ne suffit pas à expliquer le boom de la e‑santé. L’utilisation de nouveaux dispositifs médicaux connectés associé à une évolution du comportement des patients, désormais acteurs de leur santé et avertis sur la protection des données personnelles, participent à l’explosion de ces plateformes.

Mais c’est aussi et surtout la recherche d’efficience qui encourage la multiplication des plateformes de e‑santé dans l’ensemble du secteur médical. Face à la pénurie de soignants en France, notre système de santé a besoin de décloisonner les données de santé pour augmenter leur productivité.

 

Dossier patient informatisé : la personnalisation en ligne de mire

Concrétisé à travers la loi Santé de 2019, le plan de transformation du système de santé “Ma santé 2022” a été doté d’une feuille de route dédiée au numérique. L’un de ses axes principaux ? “Le numérique au service des patients”, qui porte un changement de paradigme clair : auparavant passifs face aux prescriptions du système de santé, on souhaite désormais que les patients deviennent acteurs de leur santé et maîtres de leurs données médicales.

En ligne de mire : l’amélioration des parcours de soin grâce à un dossier patient informatisé. Elle se caractérise par une personnalisation accrue du système de soin à destination des patients : digitalisation du dossier patient, accès à ses propres données de santé, mais aussi meilleure transmission numérique de professionnels à professionnels, qui permet une prise en charge plus rapide, efficace et personnelle de chaque patient. Comment éviter qu’un patient décline son identité et ses antécédents médicaux à chaque rendez-vous chez un nouveau professionnel ? Comment faire en sorte que le patient accède à toutes ses informations sans passer par des dizaines de plateformes différentes ? Comment centraliser l’ensemble des données des patients tout en les sécurisant ? Autant de problématiques que “Ma Santé 2022” tente de résoudre – et auxquelles les plateformes apportent des éléments de réponse.

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Les plateformes de e‑santé à la manœuvre de la transformation numérique

Dès l’année prochaine, l’Espace numérique de santé (ESN) sera disponible pour tous les Français. Prévu pour le 1er janvier, celui-ci vient remplacer le Dossier médical partagé (DMP) et permettra à chaque citoyen de stocker et de partager aux professionnels de santé la totalité de leurs données de santé. Tous les acteurs du secteur, des assureurs aux hôpitaux, seront impliqués dans son déploiement.

En parallèle, les acteurs privés emboîtent le pas du gouvernement en donnant accès à des plateformes cherchant à fluidifier les parcours de soin. Microsoft et l’assureur Axa vont par exemple collaborer pour créer la Health Digital Platform, une nouvelle plateforme numérique donnant accès à un écosystème de services de santé ouvert à tous. Les objectifs sont multiples : briser les silos retrouvés dans les services de santé, contribuer à améliorer la recherche et la prévention des maladies et fournir une expérience e‑santé adaptée aux offres de soins et aux spécificités des praticiens.

Elle connectera les services de santé numérique proposés par Axa aux technologies de cloud de Microsoft (Microsoft Cloud for Healthcare) pour proposer une gamme de services large et sécurisée : outil d’auto-évaluation et de prévention, conciergerie médicale, interface de téléconsultation, coffre-fort numérique ou services de soins à domicile – comme la livraison de médicaments. Un programme pilote a été testé avec succès en Italie et en Allemagne à la fin de l’année 2020.

 

Les données de santé, véhicule de progrès médicaux

Ces plateformes visent ainsi à faciliter la vie des patients et à leur donner un meilleur contrôle sur leurs données. Mais elles peuvent aussi devenir le véhicule de progrès médicaux et scientifiques.

Grâce au cloud, à l’IoT, aux API (comme DICOM) l’accès aux données de santé des patients est plus simple et fluide pour les praticiens. Chaque professionnel autorisé peut accéder, où qu’il soit et à tout moment, aux informations des patients et les transmettre à ses pairs dans un cadré sécurisé et soumis au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Les professionnels, privés ou en hôpitaux, peuvent alors diagnostiquer plus vite et soigner mieux.

En parallèle, la digitalisation des parcours de soin favorise l’analyse de données pour la recherche médicale. Ainsi, la certification “Hébergeur des données de santé (HDS) fournit d’abord un cadre de sécurité : les data centers où sont hébergés les données fournissent un cadre législatif clair. Celles-ci peuvent ensuite être utilisées pour encourager l’efficience et la recherche médicale en donnant aux professionnels les données nécessaires pour favoriser l’utilisation de technologies comme l’IA, la puissance de calcul massive ou même la réalité mixte. Microsoft s’est notamment vu attribué la certification HDS en octobre 2018.

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Des plateformes de e‑santé pour soutenir la recherche et l’hôpital

Des plateformes comme la start-up française Incepto, spécialisée dans l’utilisation de systèmes d’intelligence artificielle pour la radiologie médicale, utilisent déjà ces données médicales au service de la médecine du futur.

Créée en 2018, cette start-up propose par exemple une solution permettant la détection grâce à l’IA de légions de genou, conduisant à une prise en charge plus rapide. Suite à une IRM, la solution d’Incepto détecte automatiquement les lésions des ligaments, ménisques et des cartilages. Cela conduit à un gain de temps non négligeable pour le praticien.

Du côté de la recherche médicale, la plateforme américano-suisse SOPHiA GENETICS fournit des analyses génomiques et radiomiques pour les hôpitaux. Elle analyse les données génétiques générées par le séquençage de l’ADN, permettant un diagnostic plus rapide des cancers et maladies héréditaires.

La révolution des plateformes de e‑santé prend donc pied aussi bien du côté des patients, grâce à la digitalisation des parcours de soin et un meilleur accès aux données de santé individuelles, que du côté des praticiens et des établissements de santé, qui peuvent s’emparer de ces informations pour gagner du temps, affiner leurs pratiques et, peu à peu, ouvrir la voie à de nouveaux usages.

Question fréquentes

Comment gérer les données de santé ?

Les données de santé sont protégées par la loi Informatique et Liberté, le RGPD et le code de la santé publique. La loi Informatique et Libertés dispose que les données de santés sont de nature particulière et que leur utilisation nécessite des utilisations particulières.

Pourquoi protéger les données de santé ?

Le traitement des données dans le domaine de la santé tient de la vie privée des patients. De ce fait, tout procédé les concernant ‑telle que la collecte des données- est régulé par un cadre législatif et effectif. Cela permet notamment de garantir la protection des données personnelles. 


 

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