A qui profitent les données ? Les milles et une faces de l’IoT 

Temps de lecture : 4 minutes

D’ici 2030, on estime qu’il y aura 50 milliards d’objets connectés. Chaque seconde, Microsoft traite 8 millions de requêtes concernant l’Internet des Objets. Des véhicules connectés aux détecteurs d’humidité agricoles, le monde physique se barde de capteurs. A qui profitent les données ? Tour du propriétaire. 

Pour déterminer à qui profitent les données, encore faut-il savoir de quelles données parle-t-on. La définition de l’Internet des Objets (IoT) est fluctuante mais Bernard Ourghanlian, directeur technique et sécurité chez Microsoft, en propose une définition : « C’est l’interconnexion entre l’Internet et les objets, les lieux et les environnements physiques au sens large. »

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Véhicules connectés et réseaux décentralisés

Le réseau est en pleine expansion. Du côté des serveurs de Microsoft, 8 millions de requêtes concernant l’Internet des objets sont traitées chaque seconde et on estime que d’ici 2030 on atteindra 50 milliards d’objets connectés, fait savoir Bernard Ourghanlian.

La quantité de données capturées et transmises par les objets suit logiquement la courbe. A titre d’exemple, le directeur technique et sécurité cite Toyota : selon la compagnie, pour qui les objets connectés représentent un intérêt certain dans le domaine des véhicules intelligents , « la quantité de données qui circulera entre les véhicules et les services dans le cloud devrait atteindre 10 hecta octets (1 avec 18 zéros derrières) par mois d’ici 2025 », fait-il savoir. Pour gérer un tel flux, et avoir l’agilité nécessaire pour une communication sans latence, les réseaux sont décentralisés, explique Bernard Ourghanlian. « Il est inimaginable de tout stocker et de faire remonter toutes ces données de manière centralisée. Cela prendrait beaucoup trop de temps alors que l’on veut avoir des échanges avec les voitures extrêmement rapides. » On souhaite alors utiliser l’« intelligent edge », explique le spécialiste – « le bord ou la périphérie intelligente», en anglais. « Tous ces objets ne remonteront pas nécessairement de données de manière centralisée mais ils le feront à travers d”équipements aux extrémités qui permettent de concentrer et traiter toutes les données en provenance de ces objets. » 

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Multiplicité des approches

Une fois le trajet établi, à qui profitent cette information ? Tout dépend des données et des usages. De la machine à laver connectée dont on peut s’assurer du bon fonctionnement à distance à la chaîne d’approvisionnement de l’industrie agroalimentaire pour une meilleure traçabilité des aliments en passant par les compteurs électriques qui permettent de contrôler au plus près sa consommation énergétique, les applications des objets connectés sont multiples et bénéficient tour à tour au consommateur, à l’industriel, au distributeur ou à l’ensemble des acteurs.

Une autre façon de poser cette question serait donc à qui appartiennent ces données. Là encore, à multiplicité des sources et des trajets, multiplicité des approches. Selon Pierre-Jean Benghozi, directeur de recherches au CNRS, professeur à l’école polytechnique et à l’Université de Genève et président de la mission d’évaluation du plan France Très Haut Débit, « on peut imaginer un modèle économique de véhicule connecté où le prix de la connectivité des données est payé au moment où l’on achète la voiture. Les données restent alors à usage professionnel pour vérifier l’usure du moteur, des freins etc. On peut aussi imaginer un modèle où les voitures sont un peu moins chères mais les données de connectivité permettent d’alimenter d’autres services, de la publicité, etc. C’est ce qu’on connaît avec les moteurs de recherche par exemple », explique-t-il. Les données peuvent aussi être source d’amélioration commune ou outil de négociation, déroule Pierre-Jean Benghozi« Est-ce que Renault peut échanger les données d’usage ou d’usure avec les fournisseurs de plaquettes de frein, d’embrayage ? Ou s’agit-il de données conservées par le constructeur pour l’aider dans ses négociations avec les différents fournisseurs ? »

On peut enfin imaginer des données libres et ouvertes, qui profitent autant aux industriels qu’aux consommateurs, aux associations ou aux pouvoirs publics.

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« La vie privée fait partie des droits humains » 

Pour Microsoft, l’affaire est entendue : « les données appartiennent à nos clients. Ce n’est pas parce qu’on les traite qu’on en est propriétaire. » Le business model de l’entreprise ne repose pas sur la commercialisation ou la valorisation des données clients, insiste Bernard Ourghanlian, mais sur l’accès aux services et aux infrastructures du cloud. Une approche éthique avec laquelle Microsoft aborde son activité au sens large. « Chez Microsoft, dispose-t-il, on considère que la vie privée fait partie des droits humains. »

Un souci accru de la vie privée, mais aussi de son corollaire : la sécurité. Pour s’assurer un IoT sain, il faut s’assurer non seulement de la fiabilité des données mais aussi de leur confidentialité : contrôler les accès, chiffrer les échanges, authentifier et vérifier la légitimité des environnements. Un domaine où là encore, il faudra prendre en compte la multiplicité de la nature des données, estime Pierre-Jean Benghozi. « La sécurité d’un capteur d’humidité n’est pas forcément dramatique. Celle des voitures, des lampadaires connectés ou des caméras de surveillance qui peuvent donner accès à des points critiques et des points d’entrées pour des hackers ou des attaques, est par contre déterminante. »

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Pour en savoir plus, découvrez notre podcast « Vers l’IoT et au-delà » :
 

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