Manifeste pour les compétences en IA

Temps de lecture : 6 minutes

Parce qu’elle est porteuse de tant de transformations dans tous les secteurs de la société, l’intelligence artificielle ne peut pas être l’apanage des seuls happy fews : experts, data scientists, etc. À l’occasion de Microsoft Envision | The Tour Paris 2019, Laurence Lafont, directrice marketing et opérations chez Microsoft France, a appelé tous les acteurs du numérique à s’engager en faveur d’un développement massif des compétences IA en France. L’occasion aussi de détailler les différentes initiatives portées par Microsoft et ses partenaires.

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Laurence Lafont

Directrice marketing et opérations chez Microsoft France

 

Notre monde nous impose un très grand nombre de défis à résoudre. Une crise climatique urgente, un monde qui se divise, des territoires qui se referment sur eux-mêmes, etc. C’est dans ce contexte que nous vivons aussi une révolution sans précédent : celle de l’intelligence artificielle. Ces technologies sont potentiellement capables du pire comme du meilleur. Levier pour démocratiser l’accès au savoir, elles sont aussi source de développement des fake news. « Nous devons accompagner l’avènement de l’intelligence artificielle, a déclaré Laurence Lafont. Mais aussi en faire un levier de progrès pour l’humain. Collectivement, grandes entreprises, start-up… nous avons la responsabilité de créer une intelligence artificielle éthique et positive, et de démocratiser les compétences en intelligence artificielle auprès du plus grand nombre. »

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Pourquoi il est nécessaire de s’engager dès aujourd’hui ?

  • Parce que l’intelligence artificielle est le socle de l’innovation et de la croissance de demain, nous avons le devoir d’accompagner l’avènement d’un numérique positif, qui répondra aux grands défis de notre monde.
  • Parce que des centaines de milliers d’hommes et de femmes pourraient y trouver des opportunités de se développer, de se réinventer et de réussir leur vie professionnelle. Nous devons passer d’une société du « tout savoir » à une société du « tout apprendre ». 
  • Parce qu’à l’heure actuelle, les ambitions des entreprises sont encore trop souvent freinées par le manque de compétences disponibles dans ce domaine stratégique qu’est l’intelligence artificielle. 61 % des métiers tech de demain seront disponibles dans des entreprises dont la technologie n’est pas le cœur de métier. Nous devons doter toutes les générations d’un socle commun de compétences et former les experts de demain.

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« Toutes les entreprises veulent devenir des software companies »

C’est ce que constate Olivier Girard, président d’Accenture France au quotidien avec ses clients, qu’ils soient dans les domaines du retail, de la banque ou de l’industrie.

Dans ce contexte, la technologie, et donc les talents qui développent cette technologie, deviennent la ressource rare à développer. « Les besoins de formation à tous les métiers de la technologie sont encore sous-estimés par l’ensemble de l’écosystème, explique-t-il. Si les talents sont la ressource clé, nous devons mettre plus d’effort pour les préparer aux métiers de demain. »

Si les entreprises se sont beaucoup réinventées, se sont adaptées à ces nouveaux paradigmes, il leur reste des difficultés à surmonter. L’une des principales est donc celle des compétences : « savoir les développer ET les retenir », explique encore Olivier Girard. « Nous avons formé 300 000 de nos 500 000 collaborateurs au cours des 3 dernières années, mais nous allons continuer et nous allons même aller au-delà de nous-mêmes : créer des académies, parler aux enfants, aux jeunes, aux personnes qui ont plus de difficultés à aller vers ces formations… » Un défi qui s’accompagne, selon lui, d’une aspiration nouvelle des entreprises et des collaborateurs : celle de retrouver du sens et de la responsabilité.

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« Les compétences en IA doivent aller au-delà des équipes techniques »

« Aujourd’hui, il existe un fossé immense entre les entreprises qui ont compris que l’IA allait transformer leur business et la réalité de mise en œuvre de ces technologies, » explique David Carmona, General manager intelligence artificielle chez Microsoft. La première difficulté qu’elles rencontrent ? 54 % des entreprises citent un manque de compétences disponibles. Viennent ensuite le défaut de stratégie IA (37 %) et l’identification de cas d’usage (35 %).

L’enjeu, pour David Carmona, est de faire en sorte qu’au sein des entreprises, les compétences IA dépassent les frontières de la DSI. « Imaginez les changements pour les équipes commerciales, qui doivent, depuis l’avènement du cloud se mettre à vendre des abonnements plutôt que des licences. Ou les transformations pour les équipes marketing, qui se chargent désormais de réaliser des ventes en direct…» précise David Carmona.

Pour former ces publics, ces leaders de business units dans les entreprises, Microsoft a donc lancé, en partenariat avec l’Insead, l’AI business school. « Nous avons lancé avec succès le volet en ligne de cette formation et nous allons désormais aller plus loin, avec des sessions en présentiel, » ajoute Laurence Lafont.

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« Nous devons a minima tripler le nombre d’experts en IA »

Mais au-delà de l’acculturation globale des équipes, il est essentiel de former les data scientists de demain. Or, la France accuse aujourd’hui un retard en termes de formations disponibles aux compétences en IA. « Tripler leur nombre », c’est ce que retient Laurence Lafont du rapport Villani sur l’intelligence artificielle. « L’enseignement supérieur prend sa part, crée de nouveaux masters, mais cela ne suffira pas, » ajoute-t-elle. Alors, en 2019, Microsoft s’est également associée à OpenClassrooms pour proposer une formation diplômante au métier d’ingénieur de l’IA.

« Toutes les entreprises ont des difficultés à recruter ce type de profils, explique Mathieu Nebra, co-fondateur d’Open Classrooms. Parce qu’ils sont rares sur le marché. »

Mais qu’est ce qu’un ingénieur IA ? On les appelle plus communément des data scientists. Leur mission est de traduire les problématiques métiers de leur entreprise en problèmes de data sciences, pour développer les algorithmes d’IA qui y répondent. Améliorer un funnel de conversion, développer un chatbot, créer des systèmes de navigation autonomes pour les voitures, et bien plus. Leur rôle devient ainsi de plus en plus critique pour les organisations.

« Chaque apprenant est accompagné par un mentor, un professionnel du secteur que nous avons sélectionné et formé. Son rôle est daccompagner les apprenants à réaliser des projets professionnels utilisant l’IA. Ils ont rendez-vous hebdomadaire en visio-conférence, » précise Mathieu Nebra.

Les étudiants ont accès à Azure pour mener leurs projets d’étude à bien. Cette formation à part entière coûte 500 € par mois. Mais les candidats peuvent aussi choisir l’alternance, pour faire financer leur parcours. Le diplôme attribué équivaut à un niveau Master. Il est par ailleurs reconnu par l’État français.

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« Il nous faut aussi des artisans de l’IA »

Ces experts, ceux qui conçoivent des algorithmes d’IA doivent aussi être accompagnés par ceux que Laurence Lafont qualifie « d’artisans de l’IA ». Des développeurs qui savent utiliser ces algorithmes et les adapter au contexte des entreprises. « Il y a un an et demi, nous nous sommes lancés dans une aventure un peu folle. Nous avons fait le pari d’offrir la possibilité à chacun, y compris à des publics très éloignés de la technologie, de se reconvertir dans l’IA et de devenir de véritables artisans de cette technologie » La première promotion de l’École IA a démarré sa formation en mars 2018. Aujourd’hui, 100 % de ses élèves ont soit trouvé un poste en CDI, soit poursuivi leurs études, soit monté leur propre entreprise.

« Mais on ne s’est pas arrêté là, » poursuit Laurence Lafont. Désormais, 13 promotions sont en cours de formation sur l’ensemble du territoire français, et une en Belgique. En 2020, ce sont plus de 20 écoles IA qui formeront plus de 500 étudiants, grâce à un dense réseau d’entreprises partenaires. Le campus Microsoft devrait également accueillir une promotion « intelligences atypiques » à destination d’une quinzaine d’étudiants autistes et Asperger au haut potentiel.

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« Il nous faut partager un socle culturel commun »

L’intelligence artificielle doit aussi faire partie des connaissances que nous partageons tous. Nous avons donc besoin d’accompagner nos enfants à appréhender ces sujets. C’est pour cette raison que Microsoft s’est associé à Class’ Code, qui propose déjà des formations à la pensée informatique pour les enfants de 8 à 14 ans. Pour cela, elle met à disposition des personnels enseignants ou des encadrants des contenus pédagogiques.

Mais les responsables du programme se sont aperçus qu’il existait un grand besoin encore non couvert. C’est celui de la formation à l’intelligence artificielle. « L’objectif n’est pas de nous former tous à devenir développeurs, mais de nous aider à comprendre ces technologies, » explique Sophie de Quatrebarbes, coordinatrice du projet. « Pour que l’intelligence artificielle soit à notre service, nous pensons que tous les citoyens doivent comprendre de quoi il retourne pour orienter et encadrer les usages. »

Class’Code et Microsoft ont donc développé un tutoriel d’initiation à l’IA pour les enfants de primaire et de collège, développé par Magic Makers.

Comment ? Prenons l’exemple d’un algorithme de reconnaissance d’images qui doit différencier une pomme d’une poire. Les participants nourrissent l’algorithme en étiquetant des images de pommes puis de poires. Ensuite, une fois l’algorithme entraîné, ils lui donnent à voir des images inédites. L’algorithme peut alors calcule une probabilité : « il s’agit d’une pomme à 98 % » par exemple. Les apprenants s’aperçoivent ainsi que l’algorithme peut parfois se tromper, s’il n’a pas assez de données, ou de mauvaises données.

Ce programme, en open source, sera disponible dès le mois d’avril 2020 sur classcode.fr. Et ce n’est que le début…

Cet engagement en faveur des compétences en IA, nous nous en emparons modestement, mais avec beaucoup d’énergie. J’ai voulu qu’il prenne la forme d’un manifeste, car j’ai envie d’encourager tout notre écosystème à nous y rejoindre.

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