Green IT & data environnementale pour agir sur son empreinte carbone

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Le philosophe Bernard Stiegler disait que la technologie est un pharmakon : le poison et le remède. S’il est vrai que l’utilisation du numérique émet des gaz à effet de serre, son recours peut éviter des activités très polluantes. C’est là tout l’enjeu du Green IT. L’une des réponses à ce paradoxe est la fine connaissance de la donnée environnementale : mesurer, agir, optimiser. 

Selon les sources, le numérique est responsable de 3 à 4 % des émissions de gaz à effets de serre. Le numérique nécessite également des ressources épuisables dont l’extraction représente de nombreux défis. Des chiffres que rappelle Côme Perpere, Chief Sustainability Officer pour Microsoft en France. La forte augmentation de l’usage du numérique laisse présager un doublement de ce chiffre d’ici 2025. Mais le numérique peut présenter de nombreux avantages. « Il est important de quantifier et comprendre les enjeux pour mettre en place une politique de développement durable au sein de son organisation », pose-t-il. 

Green IT : s’éduquer et mesurer pour limiter les émissions 

Dans un premier temps, il s’agira donc de limiter les émissions à effets de serre des technologies en usage. C’est ce que Microsoft appelle le Green IT. Cette vision repose avant tout sur une connaissance des impacts écologiques la plus fine possible et une formation continue aux enjeux. 

Plusieurs approches possibles

Sana Dubarry est Sustainability Industry Advocate au sein de Microsoft. Elle accompagne les clients dans leurs stratégies environnementales et le pilotage de leurs performances liées aux enjeux environnementaux.

Pour ce faire, elle a plusieurs angles d’approche, détaille-t-elle.

  • Il faut d’abord s’assurer que les technologies Microsoft ont un impact écologique minimal sur l’environnement. Cela passe par l’éco-développement de logiciels ou l’efficience énergétique des data centers par exemple.
  • Microsoft a développé des solutions spécifiques pour permettre de mesurer l’impact carbone de l’usage des technologies maison. Ainsi, le tableau de bord de l’impact des émissions permet de mesurer les émissions carbone liées à l’utilisation d’Azure. Mais également d’autres services Cloud de Microsoft.
  • Microsoft met en place des ateliers, prépare des livres blancs et conseille sur les bonnes pratiques du Green IT. « La règle d’or est la transparence », explique Sana Dubarry.
  • L’entreprise a lancé la Green Software Foundation pour permettre aux clients et développeurs de collaborer face à la croissance de ces enjeux. Ces derniers peuvent ainsi publier des programmes libres de droit pour optimiser l’impact carbone des technologies.
  • Enfin, Microsoft s “appuie sur un solide réseau de partenaires en mesure de réaliser des bilans carbone pour des clients, notamment dans le domaine IT.

En plus de ces actions pilotées par Microsoft, Côme Perpere insiste sur l’importance de s’éduquer sur les enjeux environnementaux et leurs évolutions. « Il y a beaucoup d’émotions et de fausses conceptions sur ces enjeux. Pour se former, il faut commencer par lire des rapports.  Celui de L’Arcep et l’ADEME sur l’impact du numérique en France est une excellente source d’informations. Est-ce que l’empreinte carbone vient principalement des data centers ? Des terminaux, des réseaux ? Ce sont des questions et des réponses passionnantes pour les opérateurs IT. » 

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Le reporting et la data environnementale 

Autre enjeu fondamental du Green IT dans la limitation de la pollution du numérique : la remise au centre de la donnée environnementale. « La donnée financière est gérée avec des outils extrêmement robustes qui permettent de faire de l’audit, de la vérification etc., illustre Côme Perpere. Il faut arriver au même état de fait avec la data environnementale. Il faut avoir une plateforme numérique extrêmement scalable et automatisée. Mais aussi  moderne pour permette à chaque entreprise de faire un reporting très précis de son empreinte environnementale. » 

« Aujourd’hui la question de la donnée environnementale n’est plus qu’un enjeu RSE, ajoute Sana Dubarry. C’est aussi l’affaire de l’IT et du Chief Data Officer. » 

Selon une étude du BCG, seulement 9 % des 1000 entreprises interrogées faisaient un reporting de l’ensemble de leurs émissions. Ces rapports sont souvent réalisés sur des tableurs Excel avec une marge d’erreur de 30 à 40 %. « Certains clients me disent qu’il leur faut deux ans pour réaliser un reporting RSE. Forcément, la marge d’erreur est extrêmement importante », rapporte la digital advisor.  

Pour faciliter la réalisation de cette tâche, Microsoft a lancé Microsoft Cloud for Sustainability, un outil qui vise à automatiser la collecte de données environnementales. Mais aussi la réalisation de reporting pour faciliter la prise de décision. Une solution Green IT d’autant plus utile que de nouvelles normes sont mises en place. C’est le cas de la directive sur le reporting développement durable des entreprises (CSRD). Elle entrera en vigueur en 2024 sur les exercices 2023, et vise les reportings extra-financiers. Un cadre législatif contraignant qui concerne 65 000 entreprises pour 75 % des revenus du secteur privé, fait savoir Côme Perpere. Un coup de pouce ne sera pas de trop. 

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L’IT for Green : le numérique comme solution 

Une fois les émissions limitées, comment s’appuyer sur le numérique pour agir au mieux sur les activités polluantes ? C’est ce que Microsoft appelle « IT for Green ». « Comment on travaille sur l’agriculture, le transport, le bâtiment ? Ces secteurs qui comptent entre 14 % et 30 % de l’empreinte environnementale ?, s’interroge Côme Perpere. Est-ce qu’avec de l’agriculture de précision, des smart buildings, l’optimisation des chaînes d’approvisionnement et de logistique grâce au numérique, on peut répondre aux enjeux d’une industrie et d’un client ? » 

Le responsable développement durable prend l’exemple de Vestas, l’un des leaders mondiaux des éoliennes. « L’un des problèmes des éoliennes est l’effet de sillage. L’air qui passe au travers des éoliennes, va voir son champ modifié. Cela entraîne une déperdition énergétique des autres éoliennes qui peut aller jusqu’à 10 %, présente-t-il. Avec du high performing computing on a travaillé à l’optimisation de ces flux d’airs pour faire en sorte de mieux modéliser ces flux d’air en amont de l’implémentation d’éolienne et pour optimiser le rendement de ces éoliennes une fois en marche en modifiant potentiellement la disposition. » Un exemple très concret qui montre que l’IA et le Cloud permettent d’optimiser l’efficience énergétique d’un parc d’éoliennes. Globalement, l’usage que nous faisons de notre technologie sera déterminant pour la suite. Des solutions de Green IT permettront à terme de mitiger le caractère polluant du numérique.

Retail et Green IT

Sana Dubarry évoque aussi les enjeux du retail ou de l’agro-alimentaire avec des solutions numériques – Green IT – pour la supply chain et la traçabilité des matières premières. « On s’appuie sur les technologies Microsoft d’IoT et de Machine Learning, explique Sana Dubarry et sur notre réseau de partenaires comme Transparency One. La prévision des stocks existe depuis la nuit des temps. Cependant on prend de plus en plus conscience que la logistique sont des projets qui permettent d’optimiser l’impact environnemental. Par exemple, localiser le stockage dans les entrepôts afin de mieux gérer les distances jusqu’à ce qu’il arrive dans les mains du consommateur est un enjeux écologique » De nombreuses solutions sont déjà en application ou en développement : jumeaux numériques, gestion des déchets, efficience énergétique des bâtiments… 

Pour faire éclore de nouvelles solutions, Microsoft a lancé fin 2021 l’Environmental Start-Up Accelerator. « Il faut réfléchir en termes d’écosystème, estime Côme Perpere. Les géants de la tech, les grandes entreprises, les petites entreprises, les centres de recherche… Aucune organisation ne pourra adresser seule les enjeux environnementaux. » 

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