Share AI : « De très nombreux projets tech viennent d’abord du social »

Temps de lecture : 6 minutes

Comment faire collaborer une association, une startup ou une petite entreprise de l’économie sociale et solidaire avec un grand Groupe tel que Microsoft ? Que s’apportent ces deux mondes qu’a priori tout oppose ? C’est ce qu’on découvert les équipes Microsoft France qui ont participé au projet Share AI, lancé en février dernier.

> Le projet Share AI

> La puissance du savoir-faire de Microsoft pour accélérer les projets

> Constituer un écosystème de partenaires

> Les grands enseignements de cette collaboration ?

Le projet Share AI

Empower every person and every organization on the planet to achieve more.

C’est la mission que Microsoft s’est donnée à l’échelle mondiale, celle qui irrigue tous ses projets. Mais comment les collaborateurs de Microsoft la vivent-ils au jour le jour ?

Alors qu’il se pose la question, une idée germe dans la tête d’Eneric Lopez. Le directeur intelligence artificielle et développeurs chez Microsoft France sait que « chaque année, les collaborateurs peuvent poser trois journées afin de les consacrer à des entreprises à vocation sociale ou à des associations de leur choix. » Il décide donc, avec le support de la direction et des managers de Microsoft France, de leur proposer un projet collectif, au sein duquel ils pourront à la fois s’investir dans une cause qui leur tient à cœur et mettre à profit les compétences en intelligence artificielle de leur entreprise et de l’écosytème Microsoft. Share AI voit le jour.

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Un tremplin pour une douzaine de projets

Concrètement, l’équipe Share AI est constituée de collaborateurs de Microsoft et d’un grand nombre de partenaires (EPITA, les élèves de l’Ecole IA Microsoft et Simplon, Cellenza, Artefact, Accenture, Heuritech…). Parmi eux, Ashoka, l’association qui vient en aide aux entrepreneurs sociaux et ShareIT l’accélérateur tech for good. Ensemble, ils ont sélectionné une douzaine de projets. Entreprises à caractère social ou associations, les deux critères de sélection sont leur impact sociétal et le bénéfice que peut leur apporter l’intelligence artificielle.

En février 2019, le projet est lancé. 85 collaborateurs de Microsoft embarquent dans l’aventure avec une seule motivation, mettre leurs compétences au service d’une cause. Parmi eux, Amélie Lair, Windows commercial category manager, qui soutient plusieurs associations dans sa vie privée. « Je n’ai pas du tout un profil tech, j’entends parler de l’IA constamment et j’avais envie de découvrir enfin concrètement ce qu’on pouvait en faire », explique-t-elle.

L’intelligence artificielle for good

L’objectif à atteindre, pour Eneric Lopez ? « Démontrer que l’IA et la tech de manière plus globale, sont des outils qui peuvent être mis au service du bien afin d’augmenter l’impact d’organisations ou entreprises à caractère social. C’est la mission de Microsoft que de donner les moyens à chaque individu et chaque organisation de réaliser son potentiel. » Sa conviction : l’innovation sociale est le vivier des usages numériques de demain. « Regardez une entreprise comme Airbnb par exemple. Le projet vient du couch surfing, cette plateforme qui permettait d’accueillir des voyageurs gratuitement sur son canapé. » Et parmi les secteurs dont l’enjeu est clé pour les années à venir, on retrouve l’environnement et l’agriculture.

La puissance du savoir-faire Microsoft pour accélérer les projets

« Je sais que l’innovation est dans le pré, mais je ne sais rien à la tech. »

C’est la première phrase que Fabrice Hégron a prononcée quand il a intégré le programme Share AI. Cet éleveur, élu entrepreneur social de l’année 2019 par le BCG a lancé en 2015 le projet En direct des éleveurs, un groupement d’agriculteurs qui appliquent des pratiques d’élevage raisonnées. Ils commercialisent un lait à plus grande valeur nutritive et à impact carbonne faible, sous le label Bleu blanc cœur. Leurs produits garantissent aux consommateurs traçabilité, transparence et prix mesurés tout en offrant aux éleveurs un revenu supérieur !

Comme beaucoup d’entrepreneurs sociaux ou de responsables d’associations, Fabrice Hégron avait l’intuition que l’IA pourrait beaucoup lui apporter. Mais comment ? Aucune idée. C’est là que Share AI intervient.

Empathie

Lorsqu’il pitche son entreprise, Fabrice parvient à séduire une équipe de 7 collaborateurs de Microsoft. Ils sont commerciaux, customer success manager, ou managent des équipes d’architectes cloud. Les atouts de son projet ? « Il est local, humain et à première vue très éloigné de la tech, c’est ce qui m’a donné envie de le rejoindre, » s’enthousiasme Morgane Heleut-Geerts, Customer success manager.

Première étape pour cette équipe de cadres du tertiaire, comprendre le métier de leur entrepreneur-éleveur. Le vêlage, l’alimentation des animaux, les horaires de traite… « À la fin de la journée, il nous avait transmis sa passion et son vocabulaire ! » s’amuse Dominique Larue, manager d’une équipe d’architectes cloud. Ensemble, ils parviennent à dégager une solution. Elle s’appellera Marguerite : une application dans laquelle les éleveurs peuvent rentrer des données sur l’alimentation qu’ils donnent aux bêtes et faire le lien avec les données détaillées dont ils disposent sur la qualité du lait. Grâce à elles et à un algorithme de machine learning, ils pourront faire des corrélations précises entre alimentation et production, améliorer leurs pratiques en étant plus pilotés par la donnée. Par la suite, un plus grand nombre d’éleveurs pourront rejoindre ce mouvement et tirer profit de la connaissance accumulée.

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Co-construction

« On s’est mis au travail à la Microsoft, avec nos méthodes, » explique Dominique Larue. Toutes les équipes de Share AI ont été coachées et accompagnées par le partenaire Startup Inside. Elles n’avaient qu’une journée pour préparer un court pitch à présenter le lendemain. Des petits groupes se constituent, certains travaillent sur le recueil des données, d’autres réfléchissent aux indicateurs de qualité du lait…

« Ce qui m’a impressionnée, c’est notre capacité à mêler nos compétences pour faire émerger un projet, » explique Amélie Lair. À l’issu du pitch c’est le partenaire Cellenza qui se propose d’accompagner le développement de Marguerite. À présent, une cinquantaine d’éleveurs intègrent leurs données dans l’application. Prochaine étape : améliorer l’algorithme de machine learning qui fera des corrélations entre elles et pourra ainsi émettre des recommandations aux éleveurs.

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Constituer un écosystème de partenaires

La puissance de Microsoft est surtout dans son réseau et son écosystème.

Autre projet phare, celui de la Surfrider foundation Europe. C’est Nicolas Charles, Sales operations manager chez Microsoft, qui a proposé d’accompagner l’association pour qu’elle s’approprie l’intelligence artificielle. Créée dans les années 1980 en Californie, ses membres sont engagés dans la protection des océans. « 80 % des déchets plastiques qui sont dans les océans viennent des cours d’eau, explique Nicolas Charles. Ils ont donc lancé le projet Plastic Origins avec pour ambition de comprendre et d’agir à la source du problème. » Mais pour mieux intervenir, pour alerter les pouvoirs publics ou les acteurs locaux, il leur faut dresser une cartographie aussi fine que possible des lieux où se concentrent les dépôts de plastique. « Ils le font en descendant les cours d’eau en kayak avec une application sur laquelle ils répertorient ce qu’ils voient. » À ce rythme, les bénévoles en ont pour pas moins de 100 ans…

Pour accélérer ce travail, l’équipe Share AI imagine une application reposant sur de l’intelligence artificielle, pour repérer automatiquement les déchets plastiques. Comment ? En analysant des images, captées par les smartphones. Demain, ces vidéos pourront même être tournées par des drones. Le tout repose sur les services d’Azure et notamment les services cognitifs de reconnaissance d’image. Pour recueillir les 20 000 clichés nécessaires pour former l’algorithme, l’équipe compte aussi lancer une plateforme collaborative.

La force du réseau

Ce projet est particulièrement emblématique car il a réuni un très grand nombre de partenaires de Microsoft. Parmi eux, des étudiants de l’école IA, qui en ont fait leur projet de fin d’année. Charles Ollion, CTO et co-fondateur de la start-up Heuritech et ponte de l’analyse d’images les a accompagnés dans leurs travaux… « Grâce à notre présence à Vivatech, Christophe Havard (co-fondateur & CTO de BAZIMO) et Mathieu Bruniquel (Data Science chez Cdiscount) ont déjà rejoint le projet il y a quelques mois ! Et nous avons actuellement trois personnes de plus qui rejoignent l’équipe (un software engineer chez Deezer, un front dev chez meetic et le fondateur l’application Moodze) ajoute Nicolas Charles. Point d’orgue de cette collaboration : la Surfrider foundation a été en mesure d’intervenir lors du dernier G7 à Biarritz, en remettant son Ocean call au président Emmanuel Macron.

Et ça n’est pas fini ! L’objectif de Share AI est de connecter les entreprises et les associations qu’il accompagne avec un écosystème. « Un projet tel que celui de la Surfrider foundation peut intéresser des grands groupes industriels avec les mêmes ambitions environnementales. Une entreprise telle que Microsoft a le potentiel pour faire advenir ces synergies », conclut Eneric Lopez.

Lire aussi L’IA peut-elle sauver la planète ?

Les grands enseignements de cette collaboration ?

1. L’entrepreneur ou l’association impose son rythme. « Prenez un entrepreneur tel que Fabrice Hégron d’En direct des éleveurs : son temps est limité, l’essentiel de son activité est auprès de ses bêtes, explique Eneric Lopez. À nous de nous adapter ! »

2. L’atout principal d’une grande entreprise telle que Microsoft ? Celui d’être en mesure de mobiliser son réseau sur tout un territoire au service d’un projet.

3. La créativité naît de la pluridisciplinarité. Pas besoin d’être ingénieur en IA pour participer à un projet de tech for good. Venez avec vos idées !

Suite au succès de cette première saison, Share AI lancera un nouvel appel à candidatures en janvier. L’occasion aussi de faire le point sur les avancées des premiers projets.

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